FABRICATION D'UNE FRAISEUSE

 

Tout modéliste ou bricoleur est un jour confronté l'envie de posséder une fraiseuse. Comme beaucoup d'amateurs un peu pointilleux j'ai cherché dans les catalogues la machine idéale et aucune ne me convenait : trop petite, trop grosse, trop chère, course réduite, moteur pas assez rapide pour fraiser dans les petits diamètres ... Alors pourquoi pas s'en construire une ?

Possédant quelques numéros d'une revue anciennement destinée aux bricoleurs de tout poils et maintenant tournée plutôt vers la décoration, je relisais quelques articles (deux en fait) décrivant la fabrication d'un tour et d'une fraiseuse. Ce qui était agaçant c'était que pour fabriquer un tour à métaux il fallait posséder un ... tour à métaux ou faire appel à un artisan local. Après deux ou trois coup de fil et visites à ces fameux artisans, et tous calculs faits, il revenait moins cher d'acheter le tour ou la fraiseuse "made in China".

Ces projets ont été abandonnés jusqu'au jour ou j'ai décidé de me lancer dans la fabrication d'une canne en bambou refendu pour la pêche à la mouche. Vous ne voyez pas le rapport ? bon attendez un peu.

La première étape de ce projet consiste dans la fabrication de la table croisée.

Les solutions possibles

Après une étude j'ai trouvé 3 options pour fabriquer les éléments de guidage linéaire de la machine :

1 - Axes sur paliers ou douilles à bille
2 - Glissières "carrées" 
3 - Glissières en queue d'aronde


La première solution est la plus simple mais pas forcément adaptée pour une machine "lourde" mais précise à cause du risque de fléchissement des axes. La seconde est excellente et est très bien décrite par jean-luc Soumard sur son site. Ce sera la solution à choisir si vous êtes pressé. La troisième est la solution adoptée pour toutes les fraiseuses professionnelles mais nécessite le fraisage de ces fameuses queues d'aronde. Donc difficilement réalisable sauf ... si vous aimez la construction des cannes à mouche en bambou refendu !

Bambou refendu et queue d'aronde

Les cannes à mouche en bambou refendu sont fabriquées en collant ensemble six brins de section triangulaire. Pour tailler ces brins on utilise des gabarits qui sont en fait deux réglettes métalliques dont on a pratiqué sur chaque rebord un chanfrein à 30° par rapport à la face verticale. .

En fait le chanfrein n'est que partiel mais si on le continue sur toute la profondeur du gabarit on obtient la pièce ci-dessus. Avec 4 pièces de ce type et deux supports on reconstitue alors une queue d'aronde :

 

Précaution indispensable pour assurer un glissement parfait, il faut abattre les angles des glissières de 0,5 à 1 mm.

C'est parti !

Pour travailler plus vite, toutes les glissières seront taillées ensemble. Elles seront assemblées côte à côte sur un panneau de MDF épais (plan de travail mélaminé de 40 à 60 mm d'épaisseur), "rectifiées" à la lime puis "usinées" à la main.

Placer les deux barres sur le plan de travail et les fixer avec un serre joint en intercalant une pièce en bois pour ne pas marquer le métal.
Lorsque l'on a obtenu une bonne planéité et rectitude, on maintient les deux barres, cette fois horizontalement, avec quelques presses en C.
Commence alors la "rectification" à la lime douce. Deux cales sont maintenues par un point de colle sous la lime douce pour assurer le réglage (ici des queues de foret de 16 mm). On travaille de place en place en inclinant la presse en C dans un sens ou dans l'autre et en retirant le serre joint intermédiaire.

Perçage des trous à 5,5 mm du bord. et taraudage M4.

 

Perçage du support en MDF mélaminé pour maintenir les barres pendant le fraisage. L'une des rangées de trou est élargie pour assurer le réglage latéral des deux barres.
On commence la première passe en écartant les deux barres de la largeur de la pointe du tiers point le réglage se faisant avec des piges comme par exemple des queues de forêt. Le guidage sera alors naturel et très précis. Petit à petit on rapprochera les barres jusqu'à obtenir un chanfrein sur toute l'épaisseur. Comptez ... un certain temps avant d'obtenir le résultat final ! Vous pouvez tout tailler avec une seule lime ou commencer avec une bâtarde et finir par une une douce.

Note : les cotes sont données pour des barreaux de 10x16 mm qui seront utilisés pour le projet de mini fraiseuse de précision. Si vous réalisez les queues d'aronde avec de l'acier plat de précision déjà rectifié, vous pouvez passer directement à la dernière étape.

La table croisée

Elle est composée de trois éléments : la table, le chariot et la base qui peuvent être fabriqués dans le matériau de votre choix : MDF (pourquoi pas ?), aluminium (Dural), ou acier. Le plus simple pour l'acier est de prendre de l'A60 qui est un acier demi-dur que l'on trouve facilement (voir sur le site de JL Soumard les dimensions disponibles). Mais rien ne vous empêche de choisir un acier au carbone qui sera ensuite trempé. Dans ce cas la "tôle bleue" sera un très bon choix. C'est un XC-90 (0,9% de carbone) livré avec un excellent état de surface.

ou

Pour le chariot, deux positionnements sont possibles. Le second à l'avantage de diminuer la taille du lardon de rattrapage de jeu.

Le dessus de la table est constitué de deux méplats d'acier qui constitueront les rainures en T. On peut fermer cette table sur les quatre faces pour retenir le fluide de coupe.

La base sera montée sur un socle rigide.

La colonne

Elle est fabriquée selon le même principe : trois plaques formant un U ou quatre pour former un tube sont collées et vissée sur la base de la table. Deux queues d'arondes assurent le guidage d'un chariot sur lequel est fixé la perceuse.

 

 

A suivre avec la réalisation et les plans d'une mini fraiseuse de précision

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